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L’Economiste/Forum économique régional: Dessalement: Tiznit aura la plus grande station

Par Amin RBOUB | Edition N°:6912 Le 20/12/2024 | Partager
Une vision claire pour implémenter différents projets d’ici 2030
L’enjeu est d’assurer l’approvisionnement en eau potable et sécuriser l’irrigation agricole

Le dessalement de l’eau de mer n’est plus un choix ou un luxe. C’est une initiative incontournable face au stress hydrique, à la succession de 6 années de sécheresse, aux changements climatiques...

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Les intervenants au panel, animé par Ghizlane Ramzi, sur la thématique du dessalement sont Abdessalam Joulid, directeur régional-ONEE-Branche Eau, Lahcen Oulli, chef de service gestion des réseaux d’irrigation-ORMVA, Rachid Medah, directeur de l’Agence du bassin hydraulique Souss Massa et Driss Benabdellah, directeur exploitation eau de la SRM (Ph. L'Economiste)

«Même avec la mobilisation de l’ensemble des eaux de surface, nous n’arriverons pas à satisfaire la demande exprimée en eau potable et en irrigation», souligne Rachid Medah, directeur de l’Agence du bassin hydraulique Souss Massa. La région Agadir-Souss Massa dispose déjà d’une station de dessalement à Chtouka, dimensionnée au départ avec une capacité de 100 millions de mètres cubes, mais qui a été reconfigurée pour atteindre 146 millions de mètres cubes. Il y a également la grande station de dessalement du Maroc à Tiznit qui tournera avec une capacité de 350 millions de mètres cubes. Elle sera mise en service par étapes. Sur la liste aussi d’autres stations de 6 millions de mètres cubes, en cours d’installation à Agadir, pour sécuriser l’eau potable.

Synergies entre les différentes structures en charge de l’eau

Le premier panel du Forum a ainsi porté sur une thématique hautement importante qui plus est pleinement dans l’actualité du Maroc: «Dessalement à Agadir: Des solutions pour garantir l’eau et la croissance». Animé et modéré par Ghizlane Ramzi, ce panel a réuni les principaux dirigeants, ingénieurs et experts en charge de la gestion de l’eau à Agadir. Le sujet de la problématique de l’eau s’impose puisque le déficit hydrique est devenu depuis quelques années à caractère structurel. Pour résoudre ce problème ou du moins l’atténuer, «le Maroc a opté pour des ressources non conventionnelles essentiellement par le biais du dessalement de l’eau de mer, la déminéralisation des eaux saumâtres, ainsi que la réutilisation des eaux usées épurées notamment pour l’arrosage des espaces verts et des terrains de golf», explique Driss Benabdellah, directeur de l’eau Région Souss Massa.

Aujourd’hui, une gouvernance efficiente de la ressource s’impose donc avec des synergies entre les différentes structures en charge de l’eau. «Les modalités et axes de synergies peuvent capitaliser sur les expériences cumulées, puisque les techniques de dessalement ne sont pas nouvelles au Maroc, notamment à Agadir et dans les provinces du Sud. D’ailleurs, la Stratégie nationale de l’eau a mis le focus sur la capitalisation expérientielle pour la réalisation de nouvelles stations de dessalement», souligne Driss Benabdellah, directeur de l’eau Région Souss Massa. 

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La région Agadir-Souss Massa dispose déjà d’une station de dessalement à Chtouka, dimensionnée au départ avec une capacité de 100 millions de mètres cubes, mais qui a été reconfigurée pour atteindre 146 millions de mètres cubes (Ph. MAP)

                                                            

Projet mutualisé de grande taille

La station de dessalement d’Agadir est un projet mutualisé de grande taille, puisqu’il repose sur l’optimisation des charges et les économies d’échelle. In fine, cela permet de réduire le coût du mètre cube produit, poursuit Driss Benabdellah. A noter qu’il ne suffit pas de produire de l’eau dessalée en quantités importantes. Encore faut-il que la ressource soit appréciée à sa juste valeur. «Une eau produite doit être rationalisée et valorisée», insiste le directeur de l’eau d’Agadir-Souss Massa. Surtout que la région du Souss vit le stress hydrique depuis de longues années. De plus, elle doit relever le double défi de l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation agricole dans un territoire vaste. «Nous avons une vision à horizon 2030 avec des scénarios pour pouvoir satisfaire les besoins de la région et des différents secteurs en eau», soutient Medah.

                                                            

Genèse

«Le dessalement s’est imposé à la fois pour résorber le déficit hydrique, mais aussi préserver les investissements et les emplois et surtout garantir la paix sociale dans la région», tient à préciser Lahcen Oulli, chef de service gestion des réseaux d’irrigation à l’Ormva (Office régional de mise en valeur agricole). C’est dans ce contexte précis que l’option du dessalement a été adoptée dans un schéma de partenariat public-privé (PPP). Le projet de dessalement est géré dans le cadre de la gestion déléguée, avec un montage institutionnel entre le ministère de l’Agriculture et la Branche Eau de l’ONEE. Le projet vise à irriguer une superficie de 15.000 hectares, avec une dotation de quelque 125 millions de mètres cubes. Quant à la dotation en eau potable, elle est dimensionnée pour approvisionner une population de 1,2 million d’habitants.

Parmi les composants du projet, figure un émissaire de prise d’eau depuis l’océan et une station de captage, des bassins et des réservoirs à ciel ouvert, des stations de prétraitement, de filtration... Le tout repose sur la technique de l’osmose inverse. Et c’est le cœur de la station de dessalement.

Pour rappel, l’osmose inverse est une technique pour séparer la saumure de l’eau et atténuer la salinité. Une fois l’eau dessalée, elle dessert 22 km d’adduction, 380 km de réseaux de distribution. L’objectif est de desservir 1.500 agriculteurs pour le maintien des activités dans les exploitations et les serres de la région. Actuellement, les superficies irriguées dépassent 10.000 ha. «C’est cette irrigation qui a permis de continuer à approvisionner le marché local et les exportations de primeurs», tient à préciser Lahcen Oulli.

A.R.